mardi 5 avril 2011

Metsora : la force du Cohen

Le lépreux souffrait de cette affection du fait de la faute du Lachone HaRa, qui consiste à mettre en évidence les aspects négatifs de l’autre (qui sont réels, car s’il y a mensonge, il s’agit de diffamation, ‘Motsi Chem Ra’). C’est la raison pour laquelle il devait être exclu car lui-même ayant semé l’exclusion par ses paroles négatives doit subir ce sort. C’est aussi le sens des oiseaux apportés pour la purification car leur piaillement rappelle la parole fautive du lépreux.

Néanmoins, seul le Cohen était habilité à décréter une telle sanction. Même si un érudit, un Rav, connaissait sur le bout des doigts tous les symptômes de la lèpre et les détectait chez une personne, il ne pouvait pas déclarer la personne impure.

Pour quelle raison ?

Aharon, frère de Moïse, est l’ancêtre de tous les Cohen. Les Maximes des Pères le définissent comme « aimant la paix et recherchant la paix, aimant les créatures (bériote) et les rapprochant de la Thora ». On connaît le Midrach qui nous apprend qu’à sa disparition, « toutes les maisons d’Israël », c’est-à-dire les hommes et les femmes, pleurèrent sa disparition car Aharon s’investissait particulièrement à instaurer la paix entre un homme et son ami, et entre un mari et son épouse. C’est pourquoi les Maximes des Pères emploient le mot « Bériote », créatures, pour désigner les êtres humains. Car Aharon aimait l’autre non pas pour ses qualités (susceptibles de varier ou de disparaître d’un individu à l’autre) mais pour la seule et unique raison qu’il est une créature de D.ieu.

C’est pourquoi seuls ses descendants, héritiers de cet enseignement, pouvaient décréter la peine de la lèpre. Seul celui qui est entièrement imprégné de l’amour du prochain pouvait décréter une telle peine sans être soupçonné de sévérité excessive.

Et cette paracha, que nous lisons chaque année, est porteuse d’un enseignement éternel. Car nous aussi sommes parfois dans la situation de faire une réflexion ou remarque à quelqu’un pour une erreur supposée commise par elle et ne savons comment l’aborder. La seule manière d’être certain qu’on ne le fait pas par impulsion pour imposer son ego est de vérifier qu’on est imprégné de l’amour du prochain, « Ahavat Israël ». A l’image du Cohen, qui lui seul, du fait de l’amour de l’autre dont il était imprégné, pouvait déclarer l’impureté d’une personne, c’est seulement lorsque l’on ressent cet amour de l’autre que nous pouvons tenter de l’aider à identifier et réparer ses failles sur le plan spirituel. Et si nous adoptons cette attitude, alors nous pouvons être certains que, selon les paroles de nos sages, « les paroles qui viennent du cœur touchent le cœur. »

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