mercredi 6 octobre 2010

Noa'h : Le refuge des mots

L’histoire du déluge nous paraît bien lointaine et extraordinaire. Pour autant, le principe d’éternité de la Thora doit être pris au sens fort. Il signifie que le texte que nous lisons chaque semaine nous concerne et nous livre des enseignements pertinents en rapport avec notre temps et la période de l’année que nous vivons. Quel sens pouvons nous donc retirer de l’histoire du déluge ?

En fait, les eaux du déluge symbolisent la tempête de la vie dans ce monde dont les soucis perturbent notre attachement à D.ieu. Or, d’après le texte de la Thora, les sources du déluge pouvaient être divisées en deux catégories : celles provenant de l’abîme profond (« Téhom Raba ») et celles provenant des cieux (« Aroubot Hachamaïm »). De la même manière, nous trouvons deux types d’obstacles : ceux dont les motifs sont clairement matériels (« l’abîme profond ») et ceux qui apparaissent comme d’ordre spirituel.

Pour sauver Noé du déluge, D.ieu lui a dit : « Entre dans l’Arche (« Téva»). D’après le Baal Chem Tov, il faut rapprocher le terme hébraïque « Téva » de son autre sens qui est « un mot ». Dans cette perspective, l’Arche de Noé symbolise les mots composant les textes de la prière et de la Thora que nous étudions et qui sont pour nous un refuge. Ainsi, pour surmonter les eaux tumultueuses de ce monde, il faut « entrer », c’est-à-dire se plonger entièrement dans les mots de la prière du matin, avant même de partir pour une nouvelle journée. Il faut de la même manière consacrer un temps fixe à l’étude dont la caractéristique ne sera pas tant la durée que le fait que l’on y soit pleinement plongé durant le moment choisi.

Cet enseignement intervient au moment où nous lisons la paracha de Noé car nous venons de vivre un mois pratiquement immergés dans les fêtes : Roch Hachana, Kippour, Souccot, Sim’hat Thora, et nous retrouvons, pour un temps prolongé, les habitudes de la vie. Nous pourrions donc alors ressentir une sorte de fatalité et oublier l’intensité vécue pendant Tichri. L’Arche de Noé nous donne donc la voie à suivre afin de maintenir vivace cette intensité de Tichri.

Mais l’histoire de Noé se termine avec un détail qui complète cette perspective. Une fois le déluge terminé, D.ieu s’adresse à Noé en ces termes : « Sort de l’Arche, toi, ta femme, tes fils et leurs épouses… ». Rachi explique que D.ieu a dû ordonner à Noé de sortir de l’Arche. En effet, si les mots de la prière et de l’étude constituent un refuge, ils ne doivent pas être le lieu d’une fuite. Pour la Thora, la finalité de ces mots est d’en sortir avec plus de forces afin d’affronter ce monde et ses vicissitudes. Car les obstacles que D.ieu a mis dans ce monde ont pour seul objectif d’être surpassés afin de révéler en nous un potentiel caché grâce auquel nous pouvons atteindre un niveau spirituel encore plus élevé qu’auparavant.

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