L’épisode de la mort tragique des deux fils d’Aharon lors de l’inauguration du Tabernacle a donné lieu à plusieurs explications. Les deux principales, rapportées par Rachi, sont les suivantes :
1. Ils ont présenté « un feu étranger dont Il [D.ieu] ne leur a pas donné le commandement », c’est-à-dire une offrande d’encens et de leur propre initiative, sans que D.ieu la leur demande.
2. Ils sont entrés dans le Tabernacle en état d’ébriété.
Or, nous savons que ces deux fils étaient des Justes d’un grande élévation, au point que Moïse dit à Aharon à leur propos qu’ils étaient plus grand qu’eux deux. Comment donc comprendre cette tragédie ?
En fait, pour comprendre le sens de ces deux motifs, il faut rapprocher cet épisode d’un récit similaire rapporté par le Talmud. Au traité ‘Haguiga (14b), il nous est rapporté : « Quatre personnes sont entrés dans le Pardess (le verger) … Ben Azaï a regardé et est mort, Ben Zoma a regardé a été atteint (mentalement)…A’her a regardé et a coupé les plants (il est devenu apostat) …Rabbi Akiva est entré en paix et il est sorti en paix. »
En fait, le Pardess, le verger, désigne ici le plus haut degré de spiritualité auquel peut tendre un Juste. Et ces quatre sages ont tous tenté d’atteindre cette cîme, mais seul Rabbi Akiva en sorti saint et sauf. Le Talmud nous en donne le motif en décrivant sa démarche : « il est entré en paix et sorti en paix. » Pourquoi ne pas avoir dit « il est sorti en paix » ? Parce que la source du salut de Rabbi Akiva doit être cherchée dans la manière dont il est entré, à savoir « en paix ». Le mot « Chalom », traduit ici par paix, a une signification précise. Il désigne la volonté de Rabbi Akiva d’inscrire sa démarche dans la finalité d’apporter quelque chose dans notre monde : plus de paix, plus d’harmonie avec le Créateur. Et dès lors que sa quête spirituelle n’était pas dirigée vers sa seule personne mais pour réinvestir cette énergie dans le monde, il était assuré de « sortir en paix ».
C’est donc ainsi qu’il faut comprendre l’erreur de Nadav et Avihou. Ils voulaient se rapprocher de D.ieu mais étaient « en état d’ébriété », c’est-à-dire qu’il n’y avait là qu’une soif absolue de spiritualité qui leur faisait perdre la conscience de notre monde. Il fallait donc voir là « un feu que D.ieu n’a pas commandé », car D.ieu nous demande certes d’avoir une flamme qui nous attire vers Lui mais qui nous amène à révéler Sa présence dans le monde matériel.
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