jeudi 15 juillet 2010

Devarim - Chabat 'Hazone : le sens d'une métaphore

La Sidra de Dévarim est toujours lue le chabbat qui précède le 9 Av, jour marquant la destruction du Temple de Jérusalem à deux reprises. Ce chabbat porte le nom de « Chabbat ‘Hazone », ce qui signifie « Chabbat de la vision », référence au premier mot de la Haftara lue après la lecture de la Thora et qui décrit la vision prophétique d’Isaïe portant sur la destruction du Temple.

Rabbi Lévi Ists’hak de Berditchev donnait une autre explication du nom de ce chabbat. En fait, durant ce chabbat, D.ieu montre à chacun d’entre nous, dans une vision prophétique qui reste inconsciente, le troisième Temple. C’est là l’autre sens du mot « ‘hazone », vision, qui porte sur le troisième Temple. Pour illustrer cette idée, Rabbi Lévi Ists’hak de Berditchev donnait l’exemple d’un roi qui avait fait confectionner une tenue extraordinaire pour son fils. Mais ce dernier, par négligence, la salit et la rend inutilisable. A nouveau, le roi fait confectionner une nouvelle tenue, aussi splendide que la première. Mais encore une fois, la négligence du fils provoque la perte de l’habit. Cette fois, le roi fait à nouveau confectionner une tenue mais ne la donne pas à son fils. Il attendra que celui-ci ait corrigé son comportement, de manière tellement profonde que cela lui devienne naturel. En attendant, il lui montre cette tenue de temps en temps, en des moments choisis et réguliers, en lui promettant qu’il la lui donnera quand il aura atteint ce niveau.

Cependant, cette allégorie soulève une question. En effet, nous savons que les paraboles de nos sages ne sont pas seulement de belles images. Elles sont inspirées par l'esprit prophétique et expriment donc, jusqu'au moindre détail, un enseignement. Or, l'image du père qui a confectionné un vêtement semble imprécise. Pourquoi avoir choisi une tenue pour symboliser le Temple? Pourquoi ne pas avoir choisi une maison ou un palais, ce qui semblait plus adapté ? La réponse est la suivante. L'enjeu de l'exil que nous devons surmonter réside dans notre capacité à intéroriser les valeurs de Judaïsme au point que cela devienne notre nature, ce qui d'ailleurs est mentionné dans l'allégorie de Rabbi Lévi Its'hak: le roi montre de temps en temps la tenue mais attend que la correction du fils soit assez profonde pour être naturelle. Et c'est cet aspect que vient décrire le vêtement. En effet, comme la maison, le vêtement habille et protège l'individu. Mais il a ceci de particulier qu'il doit suivre de près la forme et les dimensions du corps de sorte qu'il reflète l'individu et lui correspond. Ainsi donc, la reconstruction du Temple ne sera obtenue que lorsque nous aurons effectué sur nous même un travail spirituel tel que les valeurs de la Thora serons « notre vêtement », c'est-à-dire le reflet de notre nature.

Nous comprenons ainsi le rapport entre la sidra de Dévarim et Chabbat ‘Hazone. La paracha de Dévarim, comme tout le cinquième livre de la Thora qui porte ce nom, est constitué des paroles que Moïse a transmises à la génération qui allait entrer en terre sainte. Cette génération n’était pas aussi élevée spirituellement que la précédente, celle de la sortie d’Egypte. De plus, elle allait entrer en contact avec le monde matériel. Les paroles de Moïse avaient donc pour but de renforcer le peuple et de l'amener à intérioriser l'élévation spirituelle vécue jusqu'alors de sorte qu'elle devienne une nature. Alors seulement Moïse pouvait avoir la garantie que le peuple pourrait entrer dans cette Terre matérielle et y maintenir son élévation.

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