jeudi 10 mars 2011

Vaykra : le petit Alef

Le premier mot de notre paracha, « Vaykra », « Il appela », se présente, tel qu’il est écrit dans les rouleaux de la Thora présents dans les synagogues, avec une particularité calligraphique. En effet, les lettres qui composent les rouleaux de la Thora peuvent avoir trois formes:

1. La grande majorité des lettres ont une taille commune.
2. Il y a certaines lettres dont la taille est supérieure, par exemple le Ayin, du mot « Chema »
3. Il y a certaines lettres dont la taille est inférieure, et tel est le cas de la dernière lettre du mot Vaykra, qui est un « Alef» de petite taille.

Les livres que nous employons, sans reproduire la calligraphie des rouleaux de la Thora, reportent la taille des lettres spécifiques telles que ce Alef. Il est une anecdote à ce propos qui nous livre un enseignement édifiant. Lorsque que le Tséma’h Tsédek, troisième maître de la dynastie ”Habad, était un enfant, son grand-père, Rabbi Chnéour Zalman le confia à un maître pour commencer à étudier la Thora. Il lui demanda d’enseigner à l’enfant la section de Vaykra. Après cette première leçon, l’enfant demanda à son grand père : « pourquoi le mot « Vaykra » est-il écrit avec un petit Alef ? Lorsque Rabbi Chnéour Zalman entendit cette question, il resta plongé un moment dans une méditation profonde, et répondit: « Au début du livre des Chroniques (Hagiographes), nous trouvons le nom d’Adam, écrit avec un Alef, mais de taille supérieure. Ce grand Alef fait allusion au fait qu’Adam avait une très haute estime de lui, car c’est D.ieu Lui-même qui l’avait créé ! Adam connaissait son élévation mais c’est cela qui l’a conduit sur le chemin de la faute. Par contre, dansl a section de Vaykra, il est question de Moïse et le mot Vaykra est écrit avec un petit Alef. Ici, le petit Alef fait allusion au fait que Moïse était d’une grande humilité. Il connaissait certes son élévation et ses qualités propres mais n’en tirait pas d’orgueil et la Thora en témoigne en écrivant : « et l’homme Moïse était très humble ».Il pensait que si ses qualités avaient été données à un autre, il les aurait mieux exploitées que lui. La question qui se pose à la lecture de cette histoire est la suivante. La question de l’enfant portait sur la raison du petit Alef de la section Vaykra. Pourquoi Rabbi Chnéour Zalman n’a- t-il donc pas commencé directement sa réponse avec la leçon d’humilité de Moïse à laquelle cette lettre fait allusion ? Pourquoi avoir mentionné le grand Alef qui concerne Adam dans les Chroniques? En fait, Rabbi Chnéour Zalman a voulu transmettre un enseignement plus profond et caractéristique de la tradition hassidique. Il a voulu apprendre à l’enfant que les deux aspects sont nécessaires: d’une part, il faut à l’image d’Adam, connaître ses qualités d’être humain, créature de D.ieu doté de capacités exceptionnelles. Et d’autre part, il faut avoir l’humilité extrême de Moïse, mais une humilité qui n’exclut pas la connaissance de ses qualités. Car l’humilité est parfois exploitée par le mauvais penchant qui cherche à nous décourager lorsque des obstacles se présentent en nous donnant à penser : « qui suis-je? que suis-je? Je ne suis pas capable de surmonter un tel obstacle… » La Thora est donc écrite avec ces typologies de lettres pour nous apprendre qu’il faut conjuguer les deux tailles: le grand Alef signifiant l’estime de ses qualités, et le petit Alef signifiant la plus grande humilité

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