jeudi 25 novembre 2010

Vayéchev : deux niveaux de réussite

Dans la paracha de cette semaine, le texte nous relate comment Yosseph, vendu par ses frères, perd la liberté. Par la suite, deux périodes se succèdent : la première, durant laquelle Yosseph est l’esclave de Potiphar et la seconde, où Yosseph est jeté en prison àla suite des accusations de la femme de Potiphar. A chaque fois, Yosseph se voit confier des responsabilités et la Thora atteste de sa réussite exceptionnelle. Cependant, on peut remarquer une différence de formulation de cette réussite entre les deux passages:

* Alors qu’il est esclave, le texte (Genèse, 39:3) rapporte que «tout ce qu’il [Yosseph] faisait, D.ieu le faisait réussir dans sa main.» Par contre, lorsqu’il est le second du chef de la prison, le texte (Genèse, 39:23) nous dit seulement : «ce qu’il faisait, D.ieu le faisait réussir».

* Concernant l’époque de Potiphar, la Thora introduit sa description en nous disant : «Yosseph fut un homme qui réussit («Ich Matslia’h ») et nous ne retrouvons pas cette expression pour le passage en prison.

Pour expliquer ces différences, il faut distinguer deux niveaux de réussite. En effet, de manière générale, nous savons que le judaïsme demande à l’homme qui souhaite entreprendre un projet ou surmonter un obstacle de concilier deux approches antagonistes. D’une part, il doit faire tous les efforts exigés par la situation pour obtenir le succès souhaité. D’autre part, il doit rester conscient qu’il ne fait que mettre en place dans ce monde les conditions nécessaires à la réalisation de la bénédiction divine qui est essentielle. Il y a alors deux formes possibles de réalisation pour cette bénédiction. Soit la bénédiction laisse néanmoins apparaître les traces de l’effort de l’homme. Soit la bénédiction apporte une réussite tellement exceptionnelle que l’action individuelle disparaît pour ne laisser éclater que la lumière divine. La forme de réalisation dépend alors du degré de conscience de l’individu et de sa capacité à garder l’humilité. Et nous retrouvons ces deux degrés de réussite dans les deux périodes de la vie de Yosseph relatées dans notre sidra. Lorsque Yosseph était l’esclave de Potiphar, il avait gardé une certaine existence propre qui se traduisait par sa liberté de travailler. Il avait donc conscience de l’aide de D.ieu mais son effort restait apparent : il était un«homme qui réussit », et D.ieu faisait réussir«sa main ». Alors que prisonnier, il était complètement privé de sa liberté et cette épreuve l’amena à un degré de conscience où il s’efface complètement devant D.ieu. C’est pourquoi le texte dit simplement «ce qu’il faisait, D.ieu le faisait réussir.»

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