vendredi 29 octobre 2010

'Hayé Sarah : la disparition

Dans notre paracha, nous trouvons le premier récit détaillé par la Thora d’un mariage : celui d’Its’hak avec Rivka. Nous avons donc là forcément le modèle du mariage dans la perspective du judaïsme et pouvons ainsi en retirer enseignement.

Un élément curieux apparaît lorsqu’on analyse le texte minutieusement : Its’hak disparaît littéralement les trois années qui précèdent son mariage ! En effet, la Thora nous dit qu’Its’hak avait 60 ans à la naissance de ses deux jumeaux, Essav et Yaakov (cf. Genèse 25 :26). Or, Avraham avait 175 ans le jour de leur 13ème anniversaire (cf. Midrach sur Genèse 25 :30). Sachant qu’Avraham avait 100 ans à la naissance d’Its’hak (cf. Genèse 21 :5), cela signifie que 63 années se sont écoulées depuis la naissance d’Its’hak jusqu’à la naissance de ses deux fils alors même que la Thora nous dit : « Its’hak avait 60 ans à leur naissance ». Où sont donc passées les trois années manquantes ? Nos Sages répondent qu’Its’hak, à 40 ans, juste avant sont mariage, a passé 3 années dans le Jardin d’Eden, en dehors de toute dimension temporelle et spatiale. Durant cette période, il a vécu une vie exclusivement spirituelle, de sorte que ces années ne sont pas comptées dans celles de sa vie physique et qu’il avait donc « 60 années » (physiques) à la naissance de ses enfants.

Bien que nous ne puissions pas prétendre atteindre la dimension spirituelle d’Its’hak, il est clair que la Thora nous a transmis cet élément de sa vie pour qu’il nous serve d’exemple. Ainsi, un préalable essentiel au mariage juif consiste à consacrer un certain temps durant lequel on s’investira a minima dans le monde matériel pour tendre à se rapprocher de D.ieu. Car le mariage marque le début d’une période de la vie où, au contraire, tout laisse à penser qu’on n’aura plus les mêmes dispositions pour se consacrer au spirituel : il s’agira alors de travailler pour gagner sa vie, de s’occuper et d’éduquer ses enfants, d’en assumer les responsabilité etc… Le Zohar considère qu’il s’agit en fait d’une deuxième naissance, d’une deuxième descente de l’âme dans un « corps » symbolisé par la matérialité de la vie. Et c’est précisément dans ce monde matériel que l’âme peut exprimer son potentiel caché le plus élevé et révéler la dimension essentielle de D.ieu.

Mais l’homme et la femme disposent du libre arbitre. Plongés dans ce monde, il leur appartiendra de savoir s’ils se laisseront entraîner par la matérialité où s’ils donneront à leur mariage le sens qui en fait, selon les termes des souhaits traditionnels adressés aux mariés, un « édifice éternel », un foyer et une famille éclairés par des valeurs qui dépassent le temps et l’espace par leur attachement au Créateur du monde. C’est là le sens de la préparation d’Its’hak et de sa disparition au Jardin d’Eden et de la préparation nous devons mettre en place avant le mariage. Grâce à cette préparation, consacrée à l’étude de la Thora et à la progression spirituelle, nous puisons les forces nécessaires afin de relever le défi de la vie et de lui donner tout son sens.

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