vendredi 31 août 2007

Ki Tavo : Le sens des prémices

A propos du commandement des Prémices (« Bikourim »), Maïmonide enseigne dans le Michné Thora : « Les prémices doivent être apportés dans un récipient…si la personne les a apportés dans un récipient en métal, le Cohen prend les fruits et le récipient retourne à son propriétaire ; et s’il les a apportés dans un récipient en saule ou en jonc ou quelque chose de similaire, les prémices et les paniers reviennent au Cohen. » Ainsi, dans le commandement d’apporter les fruits de la terre d’Israël intervient un élément important : il faut les apporter dans un « contenant » et le statut de ce dernier dépend de sa nature. Pourquoi insister sur ce récipient et comment expliquer la différence entre le récipient de métal et celui de jonc ?

En fait, le Rambam a une conception très précise du statut du récipient dans lequel sont apportés les prémices. Pour lui, le récipient n’est pas seulement un moyen de réaliser le commandement des prémices et il n’est pas un simple « outil » par le biais duquel on peut apporter les fruits. Il fait partie intégrante du don au Temple que doit faire l’individu, et ce, quel que soit le matériau dont il est fait. Quant au récipient en métal, le Rambam précise bien qu’il « retourne à son propriétaire », montrant par là qu’il a bien été donné et qu’il retourne dans le domaine de son propriétaire initial du seul fait que le Cohen n’a pas de droit sur lui.

La pensée hassidique explique cette spécificité des prémices par rapport aux autres dons que l’on devait faire au Temple en revenant au sens spirituel de ce commandement. Car les prémices symbolisent la dimension d’élection du peuple juif, comme D.ieu dit dans les prophètes (Osée 9 :1) : « comme les prémices d’un figuier J’ai vu vos patriarches». Plus précisément, cette dimension correspond à l’âme juive telle qu’elle est attachée à D.ieu à un niveau qui précède même la volonté de création du monde. Cependant, cette âme, malgré cette élévation, est amenée à descendre dans le corps, dans un « récipient » qui voile cette dimension intrinsèque. Et le but de cette descente est que l’âme dévoile cet attachement à D.ieu dans le monde de sorte qu’elle y révèle Sa présence. C’est précisément par là, par l’action avec le corps et dans le monde matériel, qu’elle pourra connaître une élévation qui lui permettra d’atteindre un niveau supérieur encore à celui qu’elle avait avant de descendre dans le corps. C’est la raison pour laquelle les prémices, qui symbolisent l’âme, devaient être amenés dans un récipient, qui symbolise le corps, montrant ainsi la finalité de ce dernier. Car seule la descente dans le corps permet cette élévation de l’âme. Et la vision du Rambam nous apprend que le corps ne doit pas être considéré comme un simple moyen mais doit être raffiné de sorte qu’il fasse partie intégrante de la spiritualité de l’âme, jusqu’aux temps messianiques où, comme les prémices, nous rejoindrons le troisième Temple à Jérusalem.

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