Dans son discours sur Rosh ha-Shana, Na'hmanide s'interroge sur la raison de cette fête.
Car si la Tora nous en prescrit la célébration, elle ne nous en précise pas l'objet véritable. Cela contraste évidemment avec toutes les autres fêtes bibliques qui, elles, ont un objet précis : Pessa'h la sortie d'Egypte, Shavou'ot l'offrande des prémices, Kippour l'expiation des fautes, Soukkot la commémoration de la résidence des Hébreux dans le désert sous la protection divine.
Quant à Rosh ha-Shana, la Tora se borne à le désigner sous l'appellation de "jour du souvenir" à nous ordonner d'y sonner du Shoffar.
Pour nous, Rosh ha-Shana est essentiellement le jour du jugement, celui où tous les êtres humains comparaissent devant Dieu. Mais comment apprenons-nous cela ?
A cette question, Na'hmanide répond d'une manière qui peut donc être qualifiée de "contextuelle".
Le fait que Rosh ha-Shana tombe le premier jour du mois durant lequel a lieu le jeûne de Kippour suffit à nous indiquer qu'il s'agit du jour du jugement.
En effet, il ne peut y avoir pardon -- celui de Kippour -- que s'il y a au préalable jugement. Le jour de Rosh ha-Shana doit bien donc être celui du jugement.
Le nom qui lui est donné par la Tora, "jour du souvenir", prend alors tout son sens puisqu'à l'occasion du jugement, les actes de l'homme sont rappelés devant Dieu.
R. 'Hayim Sabato propose d'approfondir cette réflexion.
Dans un premier temps il fait remarquer que Rosh ha-Shana est à la fois le premier de jour de l'année civile juive et le premier jour du mois de Tishri. C'est donc à la fois Rosh ha-Shana et Rosh 'Hodesh.
Or c'est de manière explicite que la Tora parle d'expiation des fautes à propos des sacrifices offerts chaque mois le jour de Rosh 'Hodesh.
On peut tirer de cela un enseignement important : à chaque renouvellement, à chaque recommencement, pardon et repentir sont nécessaires.
Parce que tout moment de transition marque aussi bien le début d'une période que la fin de celle qui précède. A ce titre, il est nécessaire de rompre la marche folle de nos vies afin de prendre du recul, réaliser un bilan d'étape et tirer les leçons qui s'imposent, de s'amender, de corriger ce qui doit l'être.
Ce processus de bilan permet tant de donner sens au passé que d'aborder le chemin qui se présente à nous remplis d'espoir plutôt que de crainte.
Si déjà au début de chaque mois nous devons nous engager dans un processus de bilan, c'est-à-dire de repentir et d'expiation, plus encore devons-nous le faire au début du premier des mois de l'année.
De manière analogue, le Midrash associe le soir de Shabbat à l'idée de pardon : "Mar 'Ouqba enseigne : Quiconque prie de le vendredi soir et récite Vayekhoulou [le texte du Kiddoush], deux anges l'accompagnent, posent leurs mains sur sa tête et lui disent : "Tes péchés ont disparu, tes fautes sont effacées" (Isaïe 6:7)". [Traité Shabbat, 119b.]
(On pensera particulièrement à ce texte du Midrash cette année où Rosh ha-Shana tombe un Shabbat.)
Le Midrash rajoute d'ailleurs que c'est au jour de Shabbat que le premier homme [dont Rosh ha-Shana est l'anniversaire de la création] fit Téshouva. "Caïn sortit (Genèse 4:16). R. 'Hanina ben Yits'haq enseigne : Il sortit joyeux. Adam le rencontra et lui dit : - Quelle a été l'issue de ton jugement ? Caïn lui répondit : - Je me suis repenti et j'ai été relaxé. Adam se frappa alors le visage en disant : - Si grande est la force de la Téshouva et je ne le savais pas ! Immédiatement il entonna : "Psaume. Cantique pour le jour du Shabbat. Il est beau de rendre grâce à l’Eternel" (Psaumes 91:1-2)." [Béréshit Rabba, 22:16.]
Ici aussi, il apparaît que le Shabbat est le point de passage entre une semaine et la suivante ; c'est pour cette raison qu'y sont associées les idées de repentir et de pardon.
Mais en vérité, ce principe ne s'arrête ni au mois, ni à la semaine.
En effet, chaque soir, lors de la récitation du Shéma' qui précède le coucher, nous pardonnons ceux qui nous ont offensé et demandons l'expiation de nos fautes.
Afin de pouvoir entamer une nouvelle journée lavé des taches et des salissures de la veille, il est nécessaire de se repentir à l'heure du coucher. C'est de cette manière que nous pouvons mériter de nous renouveler et de recevoir une âme pure le matin venu.
Lors de ce Rosh ha-Shana, lors de ce Shabbat comme lors de chaque passage d'étape, sachons donc faire le bilan de nos actions, notre examen de conscience, et en tirer des enseignements constructifs afin de tracer devant nous une voie meilleure, un chemin plus droit.
Car si la Tora nous en prescrit la célébration, elle ne nous en précise pas l'objet véritable. Cela contraste évidemment avec toutes les autres fêtes bibliques qui, elles, ont un objet précis : Pessa'h la sortie d'Egypte, Shavou'ot l'offrande des prémices, Kippour l'expiation des fautes, Soukkot la commémoration de la résidence des Hébreux dans le désert sous la protection divine.
Quant à Rosh ha-Shana, la Tora se borne à le désigner sous l'appellation de "jour du souvenir" à nous ordonner d'y sonner du Shoffar.
Pour nous, Rosh ha-Shana est essentiellement le jour du jugement, celui où tous les êtres humains comparaissent devant Dieu. Mais comment apprenons-nous cela ?
A cette question, Na'hmanide répond d'une manière qui peut donc être qualifiée de "contextuelle".
Le fait que Rosh ha-Shana tombe le premier jour du mois durant lequel a lieu le jeûne de Kippour suffit à nous indiquer qu'il s'agit du jour du jugement.
En effet, il ne peut y avoir pardon -- celui de Kippour -- que s'il y a au préalable jugement. Le jour de Rosh ha-Shana doit bien donc être celui du jugement.
Le nom qui lui est donné par la Tora, "jour du souvenir", prend alors tout son sens puisqu'à l'occasion du jugement, les actes de l'homme sont rappelés devant Dieu.
R. 'Hayim Sabato propose d'approfondir cette réflexion.
Dans un premier temps il fait remarquer que Rosh ha-Shana est à la fois le premier de jour de l'année civile juive et le premier jour du mois de Tishri. C'est donc à la fois Rosh ha-Shana et Rosh 'Hodesh.
Or c'est de manière explicite que la Tora parle d'expiation des fautes à propos des sacrifices offerts chaque mois le jour de Rosh 'Hodesh.
On peut tirer de cela un enseignement important : à chaque renouvellement, à chaque recommencement, pardon et repentir sont nécessaires.
Parce que tout moment de transition marque aussi bien le début d'une période que la fin de celle qui précède. A ce titre, il est nécessaire de rompre la marche folle de nos vies afin de prendre du recul, réaliser un bilan d'étape et tirer les leçons qui s'imposent, de s'amender, de corriger ce qui doit l'être.
Ce processus de bilan permet tant de donner sens au passé que d'aborder le chemin qui se présente à nous remplis d'espoir plutôt que de crainte.
Si déjà au début de chaque mois nous devons nous engager dans un processus de bilan, c'est-à-dire de repentir et d'expiation, plus encore devons-nous le faire au début du premier des mois de l'année.
De manière analogue, le Midrash associe le soir de Shabbat à l'idée de pardon : "Mar 'Ouqba enseigne : Quiconque prie de le vendredi soir et récite Vayekhoulou [le texte du Kiddoush], deux anges l'accompagnent, posent leurs mains sur sa tête et lui disent : "Tes péchés ont disparu, tes fautes sont effacées" (Isaïe 6:7)". [Traité Shabbat, 119b.]
(On pensera particulièrement à ce texte du Midrash cette année où Rosh ha-Shana tombe un Shabbat.)
Le Midrash rajoute d'ailleurs que c'est au jour de Shabbat que le premier homme [dont Rosh ha-Shana est l'anniversaire de la création] fit Téshouva. "Caïn sortit (Genèse 4:16). R. 'Hanina ben Yits'haq enseigne : Il sortit joyeux. Adam le rencontra et lui dit : - Quelle a été l'issue de ton jugement ? Caïn lui répondit : - Je me suis repenti et j'ai été relaxé. Adam se frappa alors le visage en disant : - Si grande est la force de la Téshouva et je ne le savais pas ! Immédiatement il entonna : "Psaume. Cantique pour le jour du Shabbat. Il est beau de rendre grâce à l’Eternel" (Psaumes 91:1-2)." [Béréshit Rabba, 22:16.]
Ici aussi, il apparaît que le Shabbat est le point de passage entre une semaine et la suivante ; c'est pour cette raison qu'y sont associées les idées de repentir et de pardon.
Mais en vérité, ce principe ne s'arrête ni au mois, ni à la semaine.
En effet, chaque soir, lors de la récitation du Shéma' qui précède le coucher, nous pardonnons ceux qui nous ont offensé et demandons l'expiation de nos fautes.
Afin de pouvoir entamer une nouvelle journée lavé des taches et des salissures de la veille, il est nécessaire de se repentir à l'heure du coucher. C'est de cette manière que nous pouvons mériter de nous renouveler et de recevoir une âme pure le matin venu.
Lors de ce Rosh ha-Shana, lors de ce Shabbat comme lors de chaque passage d'étape, sachons donc faire le bilan de nos actions, notre examen de conscience, et en tirer des enseignements constructifs afin de tracer devant nous une voie meilleure, un chemin plus droit.
D'après R. 'Hayim Sabato, Ani lé-Dodi (éd. Yedi'ot Ah'aronot, 2005).
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