Le 18 tamouz, il remonta en haut du Mont Sinaï pour prier en faveur d'Israël durant 40 jours.
Le 40e jour, c'est-à-dire le 29 du mois de av, le Saint beni soit-Il agréa la prière de Moshé et lui ordonna de fabriquer de nouvelles tables.
Il se passa encore 40 jours jusqu'au jour de Kippour (le 10 tishri) où le Saint béni soit-il pardonna Israël "dans la joie" et déclara à Moshé : "J'ai pardonné, comme tu me l'avais demandé" (sala'hti ki-devarékha).
C'est pour cette raison que le jour de Kippour a été fixé de manière permanente comme jour du Pardon divin.
Reste à comprendre la différence entre le 29 av et le 10 tishri. Si D. avait déjà pardonné le 29 av, pourquoi encore 40 jours de prières ? Pourquoi attendre le jour de Kippour pour donner les deuxièmes tables ?
Pour répondre à cette question, il faut commencer par une brève introduction.
Selon la décision de Maïmonide (Hil. Téshouva 3:3), celui qui regrette d'avoir accompli une mitsva perd le mérite de cette mitsva. A l'inverse, lorsqu'un Juif regrette ses fautes, les Sages expliquent que le pardon accordé relève de la bonté ou de la grâce divine. Cela semble parfaitement illogique : si un regret est en mesure d'effacer une bonne action, pourquoi ne serait-il pas en mesure d'en effacer une mauvaise ?
Telle est la question que posa R. El'hanan Wasserman à son maître, le 'Hafets 'Hayim. Ce dernier lui répondit que la question était fondée mais que la différence réside dans le fait que non seulement D. transforme les fautes de celui qui se repent par amour, mais plus encore il les transforme en mérite. Là réside la miséricorde de D.
Mais au fond, pourquoi un regret effacerait-il une faute ?
Parce qu'au moment même où un Juif regrette sa faute, sa volonté est coupée de la faute en question, selon le principe suivant : "Lorsque la volonté est déracinée, l'acte l'est également".
Le 'Hida rapporte un autre principe, selon lequel : "Rien ne peut faire barrage à la volonté". Mais il y a généralement un malentendu à ce propos. Car sans l'aide de D. l'homme ne peut rien accomplir. Une compréhension littérale de ce principe reviendrait donc à l'hérésie. On peut désirer et vouloir accomplir toutes sortes de choses sans pouvoir jamais y parvenir.
Le véritable sens de ce principe est que dans le domaine de la volonté il n'y a pas de barrière. Je peux vouloir ce que je décide de vouloir. Rien ne peut m'en empêcher. Pour ce qui est de la réalisation de cette volonté, là j'aurai besoin d'une aide céleste, mais pour ce qui est de la volonté, je suis parfaitement autonome.
C'est pourquoi, lorsqu'un Juif prie 3 fois par jour "Pardonne-nous" (séla'h lanou) et qu'il coupe le lien qui existait entre sa faute et sa volonté, il mérite d'être pardonné au sens où il ne sera pas puni pour sa faute. Mais sa faute est toujours là.
Cela est semblable au cas d'un enfant qui aurait brisé un vase de valeur. Lorsque son père vient le punir, il le supplie de bien vouloir le pardonner. Le père accède à sa demande et ne le punit pas. Mais il n'en reste pas moins que le vase est maintenant brisé, le pardon paternel n'y peut rien changer.
C'est pour cette raison que nous avons eu besoin de 40 jours supplémentaires entre le 29 av et le 10 tishri pour obtenir un véritable pardon de D. Pour que non seulement nous ne soyons pas punis, mais plus encore pour que notre faute elle-même soit effacée comme si elle n'avait jamais existé.
Cela ressort d'ailleurs de la formulation des prières de Kippour où est mise en avant l'expiation (kappara) plutôt que le simple pardon (séli'ha). Les Maîtres font remarquer que la racine des mots kippour, kappara, signifie nettoyage, effacement. La faute elle-même n'existe plus. (Tel est d'ailleurs le sens profond du Jubilé, le retour de chaque chose à son état originel.)
En plus de Kippour, nous trouvons un autre moyen d'obtenir l'effacement complet de nos fautes. Les Sages enseignent en effet que lorsqu'un Juif est occupé à étudier la Tora, toutes ses fautes lui sont effacées. Pour quelle raison ?
Comme cela est expliqué à la fin du traité Ta'anit (voir également Rashi sur place), le jour de Kippour est avant tout le jour du Don de la Tora, puisque c'est en ce jour que nous avons reçu les deuxièmes tables. C'est-à-dire qu'il y a un lien intime entre notre capacité à recevoir la Tora et l'effacement de nos fautes par le Saint béni soit-Il.
Cela permet de rendre raison des paroles du Sefat Emet selon lequel celui qui étudie la Tora en vue d'obtenir l'effacement de ses fautes est considéré comme quelqu'un qui étudie la Tora de manière désintéressée. Car tel est le but originel du don de la Tora : offrir à l'homme la possibilité de s'amender et de mériter que ses fautes soient intégralement et définitivement effacées.
D'après un cours de R. Shmouel Asher Schlammé
Mashgia'h Rou'hani de la Yéshiva de Manchester.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire