vendredi 4 septembre 2009

Ki Tavo : le sens des prémices

Le début de notre Paracha expose le commandement des prémices. Chaque personne qui a un champ doit apporter au Temple de Jérusalem les premiers fruits ayant bourgeonné et les offrir aux Cohanim (prêtres). Seuls étaient concernés les fruits par lesquels la Thora a fait le louange de la Terre d'Israël: « une terre de blé, d'orge, de vigne, de figue, de grenade, une terre d'olives donnant de l'huile et de miel (de dattes) » En effet, ces fruits représentent ce que la Terre d'Israël produit de plus beau, et il fallait en prélever les meilleurs pour les offrir au titre de prémices, en hébreu « Bikourim ».

Ce commandement ne s'applique qu'à l'époque du Temple. Mais nos sages expliquent que la Thora étant d'essence éternelle, toutes les lois, y compris celles qui ne s'appliquent pas en temps d'exil, sont toujours porteuses de sens. Quel est donc le sens des prémices à notre époque ?

Dans le commandement des prémices, nous voyons apparaître une particularité par rapport à toutes les autres offrandes qui étaient faites dans le Temple. En effet, comme pour les sacrifices, offerts parmi les animaux, ou les offrandes constituées de fine farine fleur de farine, nous retrouvons le principe selon lequel nous devons apporter le meilleur. Par contre, à l'opposé des sacrifices ou des offrandes qui étaient consumées sur l'autel, les prémices n'étaient pas brûlés mais consommés par le Cohen (prêtre).

Cette particularité nous indique le sens porté par les prémices. Car le travail de la terre est le symbole même du travail difficile et harassant, dont on ne voit les fruits qu'après une longue attente. Alors pointe le risque que l'homme, voyant le résultat de ses efforts, pense en son for intérieur que, selon les termes des versets, c'est « sa force et la puissance de son bras » qui lui ont donné cette richesse. Mais par ailleurs, le travail agricole met en jeu l'une des forces les plus mystérieuses de la création, à savoir le potentiel producteur de la terre et, plus généralement, de la nature. Dès lors, il est le domaine d'activité par excellence où l'homme est le témoin oculaire de phénomènes qui dépassent de loin son contrôle et qui expriment la bénédiction divine. En nous demandant d'en offrir le meilleur au Cohen, la Thora veut nous imprégner de cette conscience que tous ces efforts, qui sont certes nécessaires, ne représentent que le support pour l'expression de la bénédiction de D.ieu qui elle représente l'essentiel. Dès lors, il devient naturel que le meilleur de cette récolte soit sanctifié car il revient à Celui qui a donné.

Cependant, d'un autre coté, ces fruits ne sont pas consumés sur l'autel. Ils sont consommés par le Cohen. Cela pour nous apprendre que le service de D.ieu ne se cantonne pas à la synagogue ou à la maison d'études. Nos activités « profanes », notre activité professionnelle ou tout ce qui touche à la vie quotidienne, sont aussi un temps où nous devons faire un effort pour nous raffiner, pour exprimer, par notre comportement, par notre honnêteté, un travail spirituel. A l'image de ces fruits, symboles du travail de la terre matérielle, qui étaient consommés par les prêtre dans un espace et un temps de sainteté, notre vie quotidienne doit être investie dans cet effort dont l'aboutissement sera l'avènement des temps messianiques. Car alors, selon les termes de Maïmonide, « la terre sera imprégnée de la connaissance de D.ieu comme la mer recouvre les océans. »

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