vendredi 15 juillet 2011

Matot : la fiancée


Le début de notre Sidra expose les lois concernant l’annulation des vœux. L’un des cas exposés est celui ou le mari peut annuler les vœux de son épouse, cette capacité pouvant s’exprimer de deux manières. En effet, la Thora prévoit deux étapes dans le mariage. La première étape s’appelle en hébreu « éroussine », (mal) traduit par fiançailles. C’est elle qui est effectuée par le don de la bague. A ce moment, la mariée exclut toute possibilité d’union avec un autre homme, ce serait déjà un adultère, doit recevoir un acte de divorce (« guète ») pour se séparer de son mari. Cependant, elle n’a pas encore entamée de vie commune avec lui. La deuxième étape s’appelle en hébreu « nissouine » : c’est la vie commune où les deux êtres forment, selon l’expression de la Genèse, « une seule et même chair ». A l’époque Talmudique, les éroussine et les nissouine étaient deux événements distincts, séparés par une période d’environ une année. De nos jours, les deux étapes s’effectuent le même jour.

Pour ce qui concerne les vœux, pendant la période des « eroussine », le mari peut annuler les vœux de son épouse mais uniquement en accord du père de la mariée. Cependant, il peut aussi annuler les vœux qu’aurait fait sa femme avant les fiançailles. Inversement, après les nissouine, le mari est le seul à pouvoir annuler les vœux de son épouse, mais uniquement ceux qui ont été formulés après le mariage.

Le pensée hassidique retire des ses lois toute une symbolique pour le service de D.ieu. En effet, il existe deux catégories d’hommes justes. Il y a d’une part celui qui arrive, en permanence, à dominer son mauvais penchant mais pour lequel ce combat est incessant. Le Talmud dit à son propos que « si ce n’était D.ieu qui l’aide, il ne pourrait pas le vaincre. » Car pour gagner cette lutte continue, il doit exploiter en permanence l’aide divine que représente la capacité à discerner le bien. Mais il y a d’autre part celui qui a terminé cette lutte et pour lequel le bien est devenu naturel. C’est la différence entre le « beinoni », « l’homme intermédiaire » et le « tsaddik », le « Juste » au sens du Tanya. On retrouve cette distinction dans les termes de Maimonide (Traité des huit chapitres) qui établit deux catégories : « celui qui domine son penchant » et « l’homme pieux parfait ». L’attachement à D.ieu du « beinoni », qui repousse le mal en permanence, est symbolisé par les « eroussine » qui forment un lien défini par négation (l’exclusion des tous les autres hommes). Les « nissouine » symbolisent le niveau du Tsaddik qui, à l’image des époux qui forment alors une seule entité, est complètement attaché à D.ieu

Cependant, cette parabole nous éclaire aussi sur une élévation qui appartient au seul « beinoni ». Car une question intrinsèque à la nature humaine est de savoir comment on peut dominer les instincts matériels et les diriger vers le bien puisqu’ils se forment dès la naissance, alors le bon penchant ne se développe que plus tard, à l’âge de la raison ? Comment ce discernement pourrait-il agir sur une force qui le précède dans le temps et donc dans l’intensité ? La fiancée nous donne la réponse. En effet, nous avons vu que lors de la période des eroussine, le mari, parce qu’il partage encore une part de l’autorité avec le père de la fiancée, peut agir sur le passé et annuler les vœux qui ont été fait avant le mariage. De la même manière, le beinoni, parce qu’il doit puiser dans les forces que lui donne D.ieu, symbolisé par le père, a la capacité de raffiner et d’exploiter l’énergie des forces « animales » pour développer le bien dans ce monde.

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