vendredi 11 juin 2010

Kora’h : un miracle et ses fleurs

Lorsque nous lisons le récit de la fronde menée par Kora’h, il apparaît que celle-ci fut sanctionnée de manière très sévère:

• La foule qui suivait Kora’h dans sa révolte fut engloutie dans la terre.

• Les 250 hommes, prétendant à la prêtrise, qui avaient présenté une offrande d’encens, furent consumés par un feu divin

Puis, la paracha nous raconte le miracle du bâton d’Aharon qui fleurit parmi les bâtons des autres tribus. En fait, il y a controverse parmi les commentateurs quant à la finalité de ce dernier miracle. Car ce sont deux élections qui ont été confirmées dans notre paracha :

• Le choix de la tribu de Lévi, parmi les autres tribus, pour officier dans le Temple, notamment parle chant, au service des prêtres.

• Le choix le la famille d’Aharon, parmi toutes les familles de la tribu de Lévi, pour officier dans le temple en tant que prêtre, essentiellement par les sacrifices et les offrandes. Le Na’hmanide considère que le miracle du bâton, est venu confirmer le choix de la tribu de Lévi, car« c’est le feu dévorant qui fut le signe du choix d’Aharon ». D’autres commentateurs expliquent que d’après Rachi, c’est le choix d’Aharon qui a été confirmé par là car c’est bien son nom qui a été écrit sur ce bâton. Cependant, d’après ce dernier point de vue, quelle est donc l’utilité de ce miracle après les deux punitions terribles qui ont frappé Kora’h et tout ceux qui prétendaient à la prêtrise ?

En fait, la réponse se trouve dans le commentaire de Rachi sur le passage décrivant le miracle du bâton d’Aharon. Le verset dit : « …et voici qu’avait fleuri (« Para’h »)le bâton d’Aharon de la maison de Lévi, il avait donné une fleur, il avait bourgeonné (Vayatsetz Tsitz») et donné des amandes. » Sur le mot « bourgeon » (« Tsitz»), Rachi apporte le commentaire suivant : « c’est le bourgeonnement qui survient une fois la fleur tombée. » En fait, Rachi vient répondre à la question suivante : lorsque Moïse est entré dans le Tabernacle, il a trouvé le bâton dans l’état final du processus, c'est-à-dire lorsque les fruits (les amandes) avaient déjà poussé. Pourquoi le verset mentionne-t-il donc l’apparition de la fleur et du bourgeon ? Rachi explique donc que le verset veut insister sur le fait que si le bourgeonnement du bâton a été un phénomène déclenché par miracle, il a néanmoins suivi un processus dans l’ordre naturel: l’apparition de la fleuret sa chute, puis le bourgeonnement, et enfin l’apparition du fruit, en l’occurrence des amandes. C’est là l’aspect essentiel du miracle qui en explique la finalité et la manière dont il répondait à la contestation des hébreux. Car après la punition sévère du feu dévorant, les enfants d’Israël pouvaient encore penser que la nomination d’Aharon, tout en étant d’origine divine, ne prouvait pas que celui-ci avait une élévation spirituelle intrinsèque. L’argument de Kora’h selon lequel « toute l’assemblée est sacrée », tous les hébreux étant d’un niveau identique, perdurait encore. Ils admettaient seulement la nature divine du choix d’Aharon tout en contestant ses qualités particulières. Le miracle du bâton fleuri, qui conjuguait l’intervention divine et un phénomène naturel, est venu contredire cette hypothèse. Aharon, à l’image du fleurissement du bâton qui portait son nom, disposait de qualités naturelles personnelles sur lesquelles le choix de D.ieu s’est porté.

Nous comprenons ainsi le passage du Talmud (Yoma 52b) selon lequel lors de la destruction du Temple, l’arche sainte fut enfouie « de même que le bâton d’Aharon avec ses amandes et ses fleurs. » Car selon l’explication de Rachi, Moïse a déposé en souvenir dans le Tabernacle le bâton ainsi que les fleurs qui étaient tombées, témoignant de la dimension naturelle du miracle et des qualités d’Aharon. C’est ce symbole apparaîtra de nouveau lorsque nous retrouverons l’arche sainte ainsi le bâton d’Aharon et ses fleurs, avec l’avènement des temps messianiques.

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