jeudi 16 juin 2011

Chéla'h : la force de caractère de Calev

A propos de la tragédie des explorateurs, le texte nous relate en détails le désespoir qu’ils ont causé à leur retour de la Terre Promise. Seuls Calev et Josué se démarquèrent et gardèrent confiance. Ainsi, alors que les explorateurs viennent de faire un rapport alarmant, le texte décrit comment Calev tenta de redonner confiance au peuple (Nombres13:30): « Calev fit taire le peuple vers Moïse, il dit: Monter, nous monterons et en hériterons [de la Terre] car nous le pourrons.» Sur ce verset, Rachi apporte le commentaire suivant « Calev fit taire : il les fit tous taire. Il s’écria: Est-ce seulement cela que nous a fait le fils d’Amram (Moïse)? Celui qui l’entend pense qu’il va le dénigrer. Et puisqu’ils en voulaient tous à Moïse du fait des explorateurs, ils se sont tous tus pour écouter son dénigrement. Et Calev a alors dit: « Il a fendu la mer pour nous, il a fait tomber la Manne pour nous, il a fait descendre les cailles pour nous.» Ce commentaire appelle la question suivante. Apparemment, Rachi veut expliquer l’expression « Calev fit taire le peuple vers Moïse», (en hébreu « El Moché «). Il nous apprend donc qu’il faut la comprendre au sens « Calev fit taire le peuple en parlant de Moïse », c’est-à-dire en feignant d’entamer une critique de ce dernier, ce qui fit taire tout le peuple qui n’attendait que cela. Mais pourquoi Rachi n’explique-t-il pas cette expression dans un sens plus simple, au sens « pour Moïse », pour défendre Moïse ? Par ailleurs, lorsque Rachi décrit la manière dont Calev prend le peuple par surprise, en citant les miracles effectués par Moïse, pourquoi en choisit-il seulement trois: la séparation de la mer rouge, la Manne, et les cailles? En fait, Rachi veut résoudre une question qui se dégage du sens simple du texte. Lorsque les explorateurs firent leur premier rapport, ils ne contestèrent pas directement la capacité du peuple de conquérir la Terre Promise, mais seulement indirectement, par trois points:

1. Le peuple cananéen est fort.

2. Avant même d’affronter le peuple Cananéen, il faudra vaincre les peuples frontaliers.

3. Parmi ces peuples frontaliers figure Amalek dont Israël a déjà souffert.

Ainsi, les explorateurs savaient que le peuple avait a priori foi dans la possibilité de vaincre le peuple de Canaan. Mais même si on admet que le peuple juif mérite de le vaincre, le fait d’avoir douté et d’avoir envoyé des explorateurs leur sera peut être reproché par D.ieu au point qu’ils n’arriveront pas à vaincre les peuples frontaliers, dont Amalek (points 2.et 3.) Calev ne pouvait donc pas contre-attaquer directement en affirmant « nous monterons et nous hériterons » car cela était admis potentiellement par les explorateurs. C’est pourquoi Rachi explique que dans un premier temps, le silence fut obtenu par Calev (« Il les fit taire) en contestant les trois arguments desexplorateurs par le rappel de trois miracles effectués par Moïse:

1. En rappelant la séparation de la mer rouge, où D.ieu vainquit les Egyptiens, Calev rappelle que le peuple mérite que D.ieu anéantisse le peuple de Canaan.

2. En rappelant les cailles, Calev rappelle que D.ieu a pu faire des miracles à un peuple qui doute, puisque alors, les hébreux venaient de remettre en cause la providence divine.

3. En rappelant le miracle de la Manne, Calev rappelle que D.ieu a pu faire des miracles pour le peuple alors qu’il était encore en chemin. Le peuple mérite donc aussi de vaincre les nations frontalières.

Nous pouvons aussi tirer enseignement de ce commentaire dans notre travail spirituel. Car parfois, le mauvais penchant, à l’instar des explorateurs, use d’arguments sournois. Ilpeut donc nous arriver de reconnaître notre capacité de réaliser la volonté de D.ieu, mais de craindre que nos propres doutes nous empêchent de surmonter les obstacles qui se dresseront sur notre chemin, avant même de pouvoir agir. Calev nous apprend donc qu’il faut malgré tout garder notre confiance en D.ieu. De fait, le Midrach nous rapporte que Calev doutait de lui-même et craignait de se laisser emporter par l’erreur des explorateurs. Il se rendit à cet effet sur le tombeau des patriarches pour prier D.ieu de le protéger. A son image, en nous remettant à D.ieu, nous pourrons surmonter les difficultés et réaliser Sa volonté dans ce monde.

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