Béhaalotékha : la sainteté de la Ménora

Au début de notre Paracha, Moïse transmet à Aharon le commandement d’allumer le candélabre dans le Temple, de sorte que « vers la face de la Ménora [c’est-à-dire l’axe central] illumineront les sept lampes.» Puis, le texte conclut en ces termes: « Et c’est ainsi qu’était la fabrication de la Ménora, d’un seul bloc d’or, depuis sa base, jusqu’à sa fleur, elle était d’une seul bloc, conformément à la vision que D.ieu avait montrée à Moïse, ainsi était faite la Ménora » (Nombres, 8:4)

Ce dernier verset a suscité de nombreux commentaires car il semble redondant. En effet, ce passage vient clairement transmettre à Aharon les détails concernant la manière d’allumer les flammes de la Ménora (dans une certaine direction, en s’assurant que les flammes soient stabilisées, etc…) Par contre, la fabrication elle même de la Ménora a déjà été décrite dans la section de Térouma, où le texte nous dit (Exode 25,31): « Et tu feras une Ménora d’or pur, d’un seul bloc sera faite la Ménora, son pied et son axe… » Pourquoi le texte revient-il sur la fabrication de la Ménora ? Or, cette question, qui porte sur le sens simple du texte, n’est pas abordée par Rachi, ne serait-ce qu’en allusion. Il faut donc en déduire que Rachi a déjà apporté la réponse dans un commentaire précédent, de sorte qu’il a jugé inutile d’expliquer ce point. Mais quelle est donc cette réponse?

En fait, pour résoudre cette question, il faut se référer au commentaire de Rachi sur le deuxième vers et de notre Paracha. Le texte nous dit: « D.ieu parla à Moïse en ces termes. Parle à Aharon et tu lui diras: lorsque tu allumeras les lampes, vers l’axe de la Ménora éclaireront les sept lampes.» Sur l’expression « Lorsque tu allumeras», Rachi apporte le commentaire suivant : « Pourquoi la section de l’allumage est-elle juxtaposée avec la section de l’inauguration du tabernacle par les princes? Parce que, lorsqu’Aharon a vu l’inauguration des princes, il se sentit mal car il n’avait pas participé avec eux à l’inauguration, ni lui, ni sa tribu. D.ieu lui a dit: par ta vie! Ton rôle est plus grand que le leur car toi tu allumes et entretiens les lampes.»

En d’autres termes, d’après ce commentaire de Rachi, D.ieu a décidé de transmettre à Aharon les lois sur l’allumage de la Ménora immédiatement après l’inauguration du Tabernacle pour insister sur l’élévation spirituelle de ce service. De sorte qu’Aharon pouvait être consolé de son absence lors de l’inauguration. Cette élévation spirituelle réside dans le fait que la Ménora avait pour finalité de révéler la présence divine dans le Tabernacle et vers l’extérieur et elle imprègne tous les détails de l’allumage : c’est le rôle de cette lumière, qui, d’après nos sages, se propageait vers l’extérieur. C’est aussi le symbole de l’orientation de toutes les lumières vers l’axe central de la Ménora. Car de cette manière, les lumières témoignent de l’unité de D.ieu qui règne dans la création multiple.

Et c’est aussi dans cette perspective que nous pouvons comprendre le sens du verset qui revient sur la fabrication de la Ménora à partir d’un seul bloc. Car le Midrach nous relate que ce travail de sculpture était tellement difficile que Moïse n’y parvenait pas. D.ieu a alors fait un miracle : Moïse a jeté le bloc d’or dans le feu et la Ménora en est sortie. Ainsi, nous constatons que la Ménora est le seul objet du Tabernacle quia été fabriqué par D.ieu lui- même ! D’après Rachi, donc, le verset revient sur la nécessité de fabriquer la Ménora d’un seul bloc pour mettre encore en évidence la grandeur du service d’Aharon : allumer un candélabre dont la structure physique porte l’empreinte de la présence de D.ieu.