jeudi 3 avril 2008

Ha'hodech : les saintetés du temps

La fixation des mois du calendrier juif à partir de la nouvelle lunaison présente un aspect particulier : la définition temps n’est pas seulement liée à un événement astronomique (le cycle lunaire). A l’époque du Temple, le calcul astronomique servait à déterminer le jour où la lune devait apparaître de nouveau. Ce jour là, il fallait que le Grand Tribunal Rabbinique de Jérusalem, sur la base du témoignage de deux personnes ayant vu apparaître la nouvelle lunaison, proclame le nouveau mois. Si ce témoignage faisait défaut, on proclamait le nouveau mois le lendemain car alors, la nouvelle lunaison avait forcément eu lieu. Notons au passage que le calendrier juif intègre aussi le cycle solaire car les fêtes doivent coïncider avec les saisons (Pâques au printemps, Chavouot en été, Souccot en automne). Nous avons donc certaines années dites « embolismiques », c'est-à-dire de treize mois lunaires, de manière à garder cette correspondance avec les saisons. Mais quoi qu’il en soit, chaque nouveau mois devait absolument être proclamé par l’homme.

Cela amène nos sages à mettre en évidence deux catégories de sainteté.

D’une part, nous avons la sainteté du jour du chabbat. Le caractère sacré de ce jour a été défini par D.ieu Lui-même qui a subdivisé le temps en périodes de sept jours. On y marque un repos pour se souvenir que « pendant six jours, D.ieu a créé le ciel et la terre…et le septième jour, Il s’est arrêté (« chavat ») ». La sainteté de ce jour dépasse donc l’homme et le transcende, la définition du septième jour n’étant liée à aucun événement terrestre.

D’autre part, nous avons la sainteté des jours de fête : Pâques (fête de la sortie d’Egypte), Chavouot (fête du don de la Thora), Souccot (fête des Cabanes), Yom Kippour, etc…Toutes ces fêtes sont définies dans la Thora par une date du calendrier : Pâques le 15ème jour du septième mois (15 Nissan), Chavouot le 6ème jour du 9ème mois (6 Sivane), etc…Or, la définition des mois dépend de l’intervention humaine. Dans certain cas, si le Tribunal Rabbinique le souhaitait, il pouvait retarder d’un jour la proclamation du mois, décalant ainsi les jours de fêtes attendus ! Le caractère sacré des jours de fête est donc subordonné à la volonté de l’homme.

Il n’est donc pas innocent que le premier commandement divin que le peuple juif ait reçu en tant que peuple soit celui concernant la fixation du calendrier sur la base de la nouvelle lunaison. Car ce commandement, qui consiste à sanctifier le temps, symbolise à lui seul toute la finalité de la Thora que le peuple allait recevoir sur le mont Sinaï cinquante jours plus tard. D.ieu a certes créé le monde avec beauté et perfection. Mais il a laissé à l’homme la possibilité et le devoir de lui apporter, par son action, un degré de perfection supérieure.

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