A la fin du livre d'Esther, il nous est raconté comment les juifs de l'empire d'Assuérus prirent les armes "pour défendre leurs vies" contre ceux qui avaient reçu mandat de Haman de les exterminer. Dans la plupart du royaume, les combats eurent lieu le 13 adar et la victoire fut fêtée le 14 adar. Mais à Suse (Shoushan), la capitale, les combats ne finirent que le 14 adar, la délivrance étant célébrée le 15 adar.
La ville de Suse étant une ville fortifiée, les Sages décidèrent que toutes les villes qui étaient entourées de murailles à l'époque de Josué (ce critère étant retenu par déférence pour la terre d'Israël dans une histoire se passant entièrement en exil) fêteraient Pourim le 15 adar, un jour plus tard que le reste du monde.
Cette année, le 14 adar tombe un vendredi, le 21 mars 2008 plus précisément. Ce qui signifie qu'à Jérusalem, la ville fortifiée par excellence, Pourim devrait être célébré le 15 adar, un jour shabbat.
En fait, les 4 mitsvot du jour (lecture de la méguila, dons aux pauvres, mishlo'ah manot et festin de Pourim) vont être réparties sur trois jours, d'où l'appellation de Pourim méshoulash ou "triple Pourim".
Avant d'entrer plus avant dans les explications, il faut souligner que c'est là un fait exceptionnel. En effet, le 14 adar n'est tombé un vendredi que 13 fois entre 1900 et 2005, et cela ne se reproduira que 11 fois entre 2008 et 2103 (oui, 2103, vous avez bien lu). Pour la prochaine fois, il faudra d'ailleurs attendre 2021.
Comment va-t-on donc fêter Pourim à Jérusalem ?
Le vendredi 14 adar, les habitants de Jérusalem liront exceptionnellement la méguila en même temps que tout le monde.
Le 14 adar toujours, ils donneront matanot la-evionim (au moins un don chacun à aux pauvres).
Par contre, ils ne rajouteront pas "al ha-nissim" dans les prières.
Le shabbat 15 adar, les habitants de Jérusalem liront la parasha de Pourim en tant que maftir, ainsi qu'une haftara spécifique à Pourim. Ce même jour de shabbat, ils rajouteront également "al ha-nissim" dans les prières et le birkat ha-mazon.
Le dimanche 16 adar, les habitants de Jérusalem s'échangeront les "mishloa'h manot" (au moins un cadeau alimentaire composé de deux mets différents à un ami) et feront le festin de Pourim.
Les raisons de cet ordre sont les suivantes :
- Les Sages ont interdit que l'on lise la méguila un shabbat en raison du risque de violer l'interdiction de porter (la méguila en l'occurrence), tout comme on ne secoue pas le loulav un jour de shabbat, par exemple. Mais l'on ne peut pas en retarder la lecture , car cela est explicitement interdit par un verst de la méguila elle-même ("vé-lo ya'avor").
- Les pauvres attendent avec impatience le jour de Pourim pour recevoir les dons qui leurs sont réservés : il serait donc inhumain de repousser cette mitsva au dimanche et le shabbat on ne peut pas faire usage de l'argent.
- Les mitsvot de mishloa'h manot et du festin, quant à elles, ne sont pas visées par l'interdiction de la méguila de les repousser ("vé-lo ya'avor") ; on les repousse donc effectivement au dimanche.
En espérant que D.ieu renverse le sort et nous accorde la Délivrance ce mois de adar afin que nous accomplissions tous ce triple Pourim dans Jérusalem reconstruite.
D'après R. Rachmiel Zelcer, Ner lé-méa 'al 'inyané Pourim ou-massekhet Méguila, Jérusalem, 1975.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire