Pour introduire les dix commandements, le verset nous dit : « D.ieu dit toutes ces paroles en ces termes…» Le terme hébreu « Lémor », qui est traduit classiquement par « en ces termes », suit souvent dans la Bible le verbe parler : « il parla…en ces termes ». Pour être précis, le terme hébraïque « Lémor » complète le sens de ce verbe pour indiquer que celui qui parle attend ou induit une réponse. Dans notre cas, D.ieu s’adressa au peuple qui répondit à chacun des dix commandements pour signifier son engagement. Mais sur la forme de cette réponse, Rabbi Akiva et Rabbi Ychmaël s’opposent. Pour Rabbi Akiva, à chaque commandement, qu’il s’agisse d’une interdiction ou d’une injonction, le peuple répondit « oui (nous appliquerons le commandement). » Pour Rabbi Ychmaël, pour une injonction, le peuple répondait « oui (nous le ferons) » et pour une interdiction, il répondait « non (nous ne transgresserons pas). » Par ailleurs, nous trouvons plus loin dans le texte une autre opposition d’idées entre ces deux maîtres. Le verset nous dit qu’au moment du don de la Thora, « tout le peuple voyait les voix (du choffar) et les flammes…. ». Sur ce verset, Rachi rapporte ces deux grands maîtres pour expliquer la conjonction du verbe voir (« voyait ») avec le son (« les voix »). Pour Rabbi Akiva, il y eut effectivement miracle et le peuple « voyait ce qui s’entend et entendait ce qui se voit.» Par contre, d’après Rabbi Ychmaël, le peuple « voyait ce qui se voit et entendait ce qui s’entend » et le verbe voir ne se rapporte qu’au flammes et non pas aux voix. Quel est le sens et le lien entre ces deux controverses ?
Pour le comprendre, il faut revenir à la symbolique de la vue et de l’ouïe dans la tradition juive. En effet, ces deux sens permettent de prendre connaissance de ce qui nous entoure. Mais indéniablement, l’image a un impact direct, quasi immédiat, alors que ce qui est entendu, en particulier dans le cas des paroles rapportées, doit être décomposé et compris par le cerveau, ce qui est moins direct. La tradition hassidique rapporte que l’impact de la vue est associé, a priori, au monde matériel qui nous entoure, et que l’on voit immédiatement. A l’inverse, l’ouïe est associée à la compréhension intellectuelle (« l’entendement ») qui nous permet de prendre conscience de l’existence de D.ieu, conscience qui est beaucoup plus distante a priori. Et c’est là le sens de l’opinion de Rabbi Akiva : le peuple « voyait ce qui s’entend et entendait ce qui se voit.» En d’autres termes, ce qui s’entend, c’est-à-dire la conscience de l’existence de D.ieu qui est a priori distante, le peuple la « voyait » et en avait une conscience directe telle que celle du monde matériel. A l’inverse, « ce qui se voit », la matérialité du monde, le peuple l’entendait, c’est-à-dire qu’il avait de la distance et du recul tel que celui qui nous sépare a priori de l’existence de D.ieu. Par contre, pour Rabbi Ychmaël, le peuple est resté tel qu’il est a priori et c’est bien là que résidait le miracle : tout en restant eux-mêmes, dans leur humanité, les enfants d’Israël ont pu exprimer une soumission totale à D.ieu au point que, selon le verset, « ils tremblaient et se tenaient à distance. »
C’est là aussi que réside la clé de la deuxième controverse. Pour Rabbi Akiva, le peuple a été transcendé de sorte qu’il voyait uniquement dans chaque commandement sa dimension d’ordre divin. Il répondait donc à chaque fois de la même manière. Pour Rabbi Ychmaël, le peuple a gardé sa dimension humaine. Il percevait donc la différence entre une injonction et une interdiction et donnait la réponse qui mettait en évidence cette différence.
En fait, ces deux opinions ne s’opposent pas vraiment. Elles représentent les deux étapes nécessaires dans le service de D.ieu : une première étape consiste à s’attacher à D.ieu de manière transcendante, tel Rabbi Akiva, pour ensuite se raffiner et se travailler de sorte que la conscience de D.ieu nous imprègne dans notre identité propre.
Pour le comprendre, il faut revenir à la symbolique de la vue et de l’ouïe dans la tradition juive. En effet, ces deux sens permettent de prendre connaissance de ce qui nous entoure. Mais indéniablement, l’image a un impact direct, quasi immédiat, alors que ce qui est entendu, en particulier dans le cas des paroles rapportées, doit être décomposé et compris par le cerveau, ce qui est moins direct. La tradition hassidique rapporte que l’impact de la vue est associé, a priori, au monde matériel qui nous entoure, et que l’on voit immédiatement. A l’inverse, l’ouïe est associée à la compréhension intellectuelle (« l’entendement ») qui nous permet de prendre conscience de l’existence de D.ieu, conscience qui est beaucoup plus distante a priori. Et c’est là le sens de l’opinion de Rabbi Akiva : le peuple « voyait ce qui s’entend et entendait ce qui se voit.» En d’autres termes, ce qui s’entend, c’est-à-dire la conscience de l’existence de D.ieu qui est a priori distante, le peuple la « voyait » et en avait une conscience directe telle que celle du monde matériel. A l’inverse, « ce qui se voit », la matérialité du monde, le peuple l’entendait, c’est-à-dire qu’il avait de la distance et du recul tel que celui qui nous sépare a priori de l’existence de D.ieu. Par contre, pour Rabbi Ychmaël, le peuple est resté tel qu’il est a priori et c’est bien là que résidait le miracle : tout en restant eux-mêmes, dans leur humanité, les enfants d’Israël ont pu exprimer une soumission totale à D.ieu au point que, selon le verset, « ils tremblaient et se tenaient à distance. »
C’est là aussi que réside la clé de la deuxième controverse. Pour Rabbi Akiva, le peuple a été transcendé de sorte qu’il voyait uniquement dans chaque commandement sa dimension d’ordre divin. Il répondait donc à chaque fois de la même manière. Pour Rabbi Ychmaël, le peuple a gardé sa dimension humaine. Il percevait donc la différence entre une injonction et une interdiction et donnait la réponse qui mettait en évidence cette différence.
En fait, ces deux opinions ne s’opposent pas vraiment. Elles représentent les deux étapes nécessaires dans le service de D.ieu : une première étape consiste à s’attacher à D.ieu de manière transcendante, tel Rabbi Akiva, pour ensuite se raffiner et se travailler de sorte que la conscience de D.ieu nous imprègne dans notre identité propre.
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