vendredi 31 décembre 2010

Vaéra : 4 verres et 4 verbes

Au début de notre paracha, nous trouvons les « quatre expressions de délivrance » par lesquelles D.ieu promet de libérer les enfants d’Israël d’Egypte. Nos Sages ont institué, en souvenir de ces expressions, de boire lors de la nuit de Pâques quatre coupes de vin ou de jus de raisin. Cependant, une question se pose. Sur le plateau du séder, les pains azymes, qui symbolisent eux aussi la sortie d’Egypte, sont au nombre de trois. Pourquoi cette différence ?

En fait, les pains azymes, qui ne fermentent pas et qui n’ont pas de goût, symbolisent l’effacement et l’annulation devant D.ieu. Ils symbolisent donc une élévation qui est le seul résultat de l’intervention divine, sans que l’individu n’ait investi d’effort personnel. C’est cette dimension qui s’est révélée lors de la sortie d’Egypte. En effet, à ce moment, les enfants d’Israël étaient sur le point d’être engloutis par l’exil égyptien. Ils avaient adoptée l’idolâtrie et les pratiques de l’Egypte. Seuls leur langue, leurs habits, et leurs noms, étaient restés hébreux. Ainsi, la libération d’Egypte était le seul résultat de l’intervention de D.ieu qui a choisi, d’un choix absolu, transcendant, et qui n’est guidé par aucun critère, de libérer le peuple. C’est cette libération, acte de D.ieu uniquement, qui est symbolisé par les pains azymes. C’est aussi le sens que l’on retrouve dans les trois premières expressions de délivrance, « sortir » les enfants d’Israël d’Egypte, les « sauver », les « délivrer », expressions où D.ieu agit seul pour libérer le peuple et où l’on ne trouve pas d’action de ce dernier qui s’efface pour laisser s’exprimer la délivrance divine.

Cependant, ce miracle de la sortie d’Egypte n’était qu’une impulsion, un catalyseur. Il avait pour finalité que les enfants d’Israël, portés par cette énergie, investissent alors leurs forces personnelles pour s’extraire des traces de l’exil égyptien, se raffiner, progresser jour après jour, niveau après niveau, et atteindre l’élévation nécessaire pour recevoir la Thora sur le Mont Sinaï. Ce deuxième temps, où l’individu investit ses qualités propres, correspond aux quarante neuf jours du décompte du Omer qui mènent de Pessa’h à Chavouote, fête du don de la Thora. C’est aussi celui que l’on retrouve dans le quatrième verbe de délivrance : « Je vous prendrai comme peuple et Je serai votre D.ieu, et vous saurez (« Vidatem ») que Je suis l’Eternel qui vous a sorti de l’esclavage d’Egypte ». Dans ce verset, nous trouvons une relation entre D.ieu et le peuple qui est biunivoque. De plus, le peuple a changé car le verbe « vous saurez » (« Vidatem ») signifie la connaissance intériorisée, la conscience profonde du Créateur. Et c’est cette élévation qui est symbolisée par le vin qui, à l’opposé du pain azyme, a un goût et symbolise les profondeurs de la connaissance. Et c’est cette dimension du quatrième verbe que l’on retrouve dans les quatre coupe de vin de la nuit de Pessa’h.

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