Au début de la paracha de cette semaine, Yaakov demande à Yosseph de l’enterrer en Terre Sainte. Avant de le faire jurer, il rappelle la mémoire de Ra’hel en ces termes : « Et moi, en revenant de Padam (de chez Lavan), Ra’hel m’est décédée sur le chemin, alors qu’il restait quelque distance avant Bethléem (en Terre Saine), et je l’ai enterrée là bas sur le chemin de Bethléem. »
Rachi, sur ce verset, explique que Yaakov voulait dire par là: « je ne l’ai pas même transportée à Bethléem pour la faire entrer (et enterrer) en Terre Sainte (alors qu’il ne restait qu’un kilomètre à parcourir). Et je sais ce que tu as dans ton cœur envers moi, mais sache que c’est de par la Parole Divine que je l’ai enterrée là bas, de sorte qu’elle soit un soutien pour ses descendants, lorsque Nébourzaradan (général babylonien) les exilera et qu’ils passeront par ce chemin, (l’âme de) Ra’hel sortira sur son tombeau, pleurera et demandera la miséricorde (de D.ieu), comme il est dit ‘Une voix est entendue à Ramah’ (Jérémie, 31 :14) et D.ieu lui répond : ‘ton acte sera récompensé…et les enfants reviendront à leur terre.’ »
Ce commentaire demande à être analysé. En effet, Rachi rappelle lui même à plusieurs reprises qu’il se place dans la dimension du sens littéral (le « pchat »). Il ne cite des commentaires homilétiques (le « Midrach ») que lorsqu’ils sont indispensables à la compréhension du sens littéral. Dans le cas de notre verset, pourquoi avoir recours à ce Midrach selon lequel, en mentionnant l’enterrement de Ra’hel, Yaakov veut dire qu’il l’a fait sur une demande de D.ieu ? De fait, les commentateurs classiques expliquent simplement que Yaakov voulait expliquer pourquoi il n’a pas fait le même effort pour Ra’hel, la mère de Yosseph. Selon Na’hmanide, il ne pouvait abandonner sa famille en chemin alors que pour le Sforno, c’est la peine immense ressentie par un deuil subit (Ra’hel est décédée en donnant naissance à Binyamine) qui l’a laissé sans force. Pourquoi Rachi a-t-il donc préféré au sens simple celui du Midrach ?
En fait, d’après Rachi, deux éléments excluent de comprendre cette phrase de Yaakov comme une justification. D’une part, Yaakov ne peut s’expliquer si tard pour un événement qui a eu lieu il y a si longtemps. Car alors, il faudrait comprendre que Yosseph n’a signifié son reproche que par jalousie de Yaakov, et non sur le fait même que sa mère n’ait pas été enterrée en Terre Sainte. D’autre part, Yosseph ne peut être soupçonné de ressentiment vis-à-vis de son père. Il savait l’amour de Yaakov pour Ra’hel et avait compris par lui-même que Yaakov avait été empêché de l’enterrer en Terre Sainte.
Mais cette compréhension rationnelle ne pouvait empêcher le cœur de Yosseph de ressentir une douleur pour sa mère, et cette douleur a été réveillée dans toute son intensité par le serment demandé par Yaakov, qui mettait en évidence l’élévation d’être enterré en Terre Sainte, élévation dont avait été privée Ra’hel. C’est à cette douleur du cœur, qui dépasse la raison, que Rachi fait référence avec l’expression : « je sais ce que tu as dans ton cœur. » Yaakov veut donc consoler cette douleur qui vient de se réveiller. Il révèle donc à Yosseph que c’est D.ieu, et avec l’assentiment de Ra’hel elle-même, (puisque D.ieu lui dit : ‘ton acte sera récompensé’), qui a demandé à ce qu’elle soit enterrée à cet endroit, pour porter secours aux enfants d’Israël en exil.
Par ce commentaire, Rachi met ainsi en évidence l’élévation exceptionnelle de la femme juive. Car cet esprit de sacrifice de Ra’hel, qui a accepté de ne pas être enterré avec Yaakov afin de soutenir spirituellement ses « enfants », bien des générations plus tard, est une qualité fondamentale de la femme juive que l’on ne retrouve pas chez l’homme. C’est cette dimension essentielle qui fait que l’identité juive se transmet par la mère. Et en exprimant cette qualité, c’est Ra’hel qui a obtenu de D.ieu la promesse de la rédemption avec les temps messianiques : « les enfants reviendront à leur Terre ».
Rachi, sur ce verset, explique que Yaakov voulait dire par là: « je ne l’ai pas même transportée à Bethléem pour la faire entrer (et enterrer) en Terre Sainte (alors qu’il ne restait qu’un kilomètre à parcourir). Et je sais ce que tu as dans ton cœur envers moi, mais sache que c’est de par la Parole Divine que je l’ai enterrée là bas, de sorte qu’elle soit un soutien pour ses descendants, lorsque Nébourzaradan (général babylonien) les exilera et qu’ils passeront par ce chemin, (l’âme de) Ra’hel sortira sur son tombeau, pleurera et demandera la miséricorde (de D.ieu), comme il est dit ‘Une voix est entendue à Ramah’ (Jérémie, 31 :14) et D.ieu lui répond : ‘ton acte sera récompensé…et les enfants reviendront à leur terre.’ »
Ce commentaire demande à être analysé. En effet, Rachi rappelle lui même à plusieurs reprises qu’il se place dans la dimension du sens littéral (le « pchat »). Il ne cite des commentaires homilétiques (le « Midrach ») que lorsqu’ils sont indispensables à la compréhension du sens littéral. Dans le cas de notre verset, pourquoi avoir recours à ce Midrach selon lequel, en mentionnant l’enterrement de Ra’hel, Yaakov veut dire qu’il l’a fait sur une demande de D.ieu ? De fait, les commentateurs classiques expliquent simplement que Yaakov voulait expliquer pourquoi il n’a pas fait le même effort pour Ra’hel, la mère de Yosseph. Selon Na’hmanide, il ne pouvait abandonner sa famille en chemin alors que pour le Sforno, c’est la peine immense ressentie par un deuil subit (Ra’hel est décédée en donnant naissance à Binyamine) qui l’a laissé sans force. Pourquoi Rachi a-t-il donc préféré au sens simple celui du Midrach ?
En fait, d’après Rachi, deux éléments excluent de comprendre cette phrase de Yaakov comme une justification. D’une part, Yaakov ne peut s’expliquer si tard pour un événement qui a eu lieu il y a si longtemps. Car alors, il faudrait comprendre que Yosseph n’a signifié son reproche que par jalousie de Yaakov, et non sur le fait même que sa mère n’ait pas été enterrée en Terre Sainte. D’autre part, Yosseph ne peut être soupçonné de ressentiment vis-à-vis de son père. Il savait l’amour de Yaakov pour Ra’hel et avait compris par lui-même que Yaakov avait été empêché de l’enterrer en Terre Sainte.
Mais cette compréhension rationnelle ne pouvait empêcher le cœur de Yosseph de ressentir une douleur pour sa mère, et cette douleur a été réveillée dans toute son intensité par le serment demandé par Yaakov, qui mettait en évidence l’élévation d’être enterré en Terre Sainte, élévation dont avait été privée Ra’hel. C’est à cette douleur du cœur, qui dépasse la raison, que Rachi fait référence avec l’expression : « je sais ce que tu as dans ton cœur. » Yaakov veut donc consoler cette douleur qui vient de se réveiller. Il révèle donc à Yosseph que c’est D.ieu, et avec l’assentiment de Ra’hel elle-même, (puisque D.ieu lui dit : ‘ton acte sera récompensé’), qui a demandé à ce qu’elle soit enterrée à cet endroit, pour porter secours aux enfants d’Israël en exil.
Par ce commentaire, Rachi met ainsi en évidence l’élévation exceptionnelle de la femme juive. Car cet esprit de sacrifice de Ra’hel, qui a accepté de ne pas être enterré avec Yaakov afin de soutenir spirituellement ses « enfants », bien des générations plus tard, est une qualité fondamentale de la femme juive que l’on ne retrouve pas chez l’homme. C’est cette dimension essentielle qui fait que l’identité juive se transmet par la mère. Et en exprimant cette qualité, c’est Ra’hel qui a obtenu de D.ieu la promesse de la rédemption avec les temps messianiques : « les enfants reviendront à leur Terre ».
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